Le transfert, instrument essentiel de notre travail
Le transfert et le contre-transfert constituent le cœur vivant de la relation analytique. Ils ne sont ni des obstacles ni des accidents, mais des phénomènes psychiques fondamentaux, porteurs de sens, hérités de la clinique la plus ancienne.
Le transfert désigne le fait que le patient déplace inconsciemment sur l’analyste des affects, attentes et modes relationnels issus de son histoire passée.
C'est un processus inconscient, qui réactive des liens anciens (figures parentales, fraternelles, d’autorité, idéalisées ou persécutrices) et actualise dans le présent des relations du passé.
Le patient ne se contente pas de raconter son histoire : il la rejoue dans la relation.
Manifestations du transfert
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Idéalisation ou dévalorisation de l’analyste
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Dépendance affective ou méfiance excessive
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Attentes de sauvetage, d’amour ou de jugement
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Répétition de conflits relationnels connus
Le transfert donne accès à ce qui ne peut pas encore être pensé, mais seulement agi.
Fonction du transfert
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Rendre visible l’invisible
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Donner une forme relationnelle aux conflits internes
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Permettre leur élaboration dans un cadre sécurisé
Sans transfert, il n’y a pas de travail analytique en profondeur.
Le contre-transfert
Le contre-transfert désigne l’ensemble des réactions affectives et psychiques de l’analyste en réponse au patient et à son transfert.
Nature psychique
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Résonance inconsciente
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Émotions, pensées, sensations corporelles
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Fantasmes, résistances, agacements ou élans
Le contre-transfert n’est pas une faiblesse : il est un instrument de connaissance, à condition d’être reconnu et travaillé.
Deux dimensions du contre-transfert
a) Contre-transfert personnel
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Réactivation de l’histoire propre de l’analyste
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Zones non analysées ou sensibles
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Risque de confusion, d’agir ou de rigidité
Cette dimension exige un travail personnel continu.
b) Contre-transfert comme outil clinique
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Résonance induite par le patient
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Affect transmis, projeté, déposé
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Indice précieux de l’état psychique du patient
L’analyste ressent parfois ce que le patient ne peut pas encore éprouver consciemment.
Articulation entre transfert et contre-transfert
Le travail analytique se déploie dans leur interaction vivante :
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Le patient transfère
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L’analyste reçoit, contient, élabore
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Le sens émerge de cet espace partagé
Ce champ relationnel constitue une scène psychique nouvelle, où le passé peut être reconnu sans être répété à l’identique.
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Le transfert est une régression nécessaire
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Le contre-transfert est une fonction de contenance et de discernement
L’analyste ne se tient pas hors du processus, mais au cœur de celui-ci, avec retenue, rigueur et responsabilité.
Risques et dérives
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Interprétation prématurée du transfert
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Non-reconnaissance du contre-transfert
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Agirs (séduction, rejet, sauvetage)
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Collusion inconsciente avec le symptôme
- Si la dépendance du sujet à l'analyste est une phase souvent nécessaire, d'apprentissage de pouvoir se fier à quelqu'un et d'accepter de se faire aider, le transfert doit être dénoué en fin de parcours pour que la dépendance ne subsiste pas et que le sujet soit pleinement en charge de son devenir psychique.
La discipline intérieure de l’analyste est essentielle.
En résumé
Le transfert révèle la vérité relationnelle du patient.
Le contre-transfert révèle la qualité de présence de l’analyste.
Leur élaboration conjointe permet que ce qui fut autrefois subi puisse, enfin, être pensé, symbolisé et transformé.